En attendant....

Le p'tit chemin... foto-Manu


Il est difficile de marquer rendez-vous avec l'inspiration. Il y a des jours où on peut s'assoir des heures fixant l'immaculée feuille blanche et ne voir rien venir, pas l'ombre d'un mot, le vide....la seule chose pleine un cendrier pour traduire en cendres le trou de mes pensées.
Assis à l'angle du boulev'art (boulevard), artère ou tous les débordements aux normes sont autorisés, je sirote suavement une liqueur, l'esprit ou ce qu'il en reste, noyé dans les brumes de la mémoire. Minuit, la voie est déserte ou presque, il subsiste quelques oasis vers lesquels convergent les assoiffés de nuits chaudes et enivrantes. L'atmosphère est insondable, seules quelques ombres indéfinies et grisées balayent l'ennui et animent de leurs profils la chaussée déchaussée d'imagination. Dénudé d'idées le trafic roule au pas dans tous les sens et moi je sirote quelques gorgées , histoire d'ébranler ma léthargie. Sereine et silencieuse la nuit se divorce de l'obscurité et épouse quelques ilots de lumière aux contours mystérieux. Obstinés et insatisfaits les quelques rares naufragés , évadés du jour, sillonnent la nuit divaguant dans leurs radeaux , médusés, hallucinés par tout ce qui brille et les attire dans la gueule béante de la pénombre mystérieuse.
Une liqueur et quelques étoiles filantes plus tard...soumis à l'insomnie qui a conquis et séduit Morphée, je navigue dans les plis qui ondulent ma réflexion, et perché sur le mât de ma carcasse je scrute l'horizon sur la pointe de mes interrogations. Un œil a babord un autre à tribord , c'est le calme plat ,une mer d'huile ou même les alizées se sont dissipés. Alors puisque l'horizon ne rime pas avec inspiration et que le boulev'art ce soir est un long fleuve tranquille, ramons à reculons vers l'amont et revenons aux sources des émotions....décidément ce soir la nuit ne dépasse pas le cap d'une grande introduction....Mais ce n'est pas parce que on à rien à dire qu'il faut laisser dormir son crayon!
A demain au petit coin du boulev'art aux rendez vous du mot'art...si la prose me le permet.

Manu